S’il n’avait pas été créé, par la combinaison de phénomènes naturels, un environnement favorable et l’intervention de l’homme, le vin manquerait à la vie. C’est parce qu’il est lui-même un produit vivant que le vin en sustentant ses adeptes de sa sève nourricière, participe à sa façon à l’appréciation de bons moments.
Pour procurer cela, il lui a fallu cheminer. Le vent, la pluie, la sécheresse, le froid, sont autant de désagréments pour l’homme qu’ils sont indispensables à la création du nectar divin. Le miracle se perpétue lorsque du fond de sous-sols en manque d’eau, un espace géographique délimité devient pour le vin, un terrain fertile. Dans tous les continents, sont produits une diversité de vins qui n’ont pas leur équivalent ailleurs et n’auraient pas le même rendement sous d’autres cieux.
De plus, le travail de l’homme sur le vin est fait pour permettre aux arômes extraits de la terre et du raisin, de cheminer jusque dans le verre pour livrer son gout et sa finesse. Dans les chais, le travail des vignerons a permis de bonifier la récolte et prolonger dans le verre, ce que la terre a produit et que l’homme a manipulé.
Le vin a donc une histoire complexe et l’appréciation de ses qualités ou de ses défauts devient une affaire d’expert. Ce dernier doit ainsi mettre en œuvre toute sa maitrise des mécanismes sensoriels, pour tester, évaluer la qualité de la récolte et de son produit fini.
Néanmoins, nul besoin d’être sommelier ou oenologue pour apporter un point de vue sur le plaisir que le vin procure, même s’il n’est pas facile d’occulter tous les mécanismes qui peuvent influencer le jugement. En matière d’appréciation, le vin possède en effet une dimension contextuelle. Pour comprendre cela, il convient de s’intéresser à la place du vin comme vecteur de convivialité en analysant le lien très fort qui existe entre sa consommation et son environnement. Et de s’interroger : Quel contexte pour l’apprécier et quelles interactions observe t’on entre l’appréciation d’un moment son environnement ?
Appréciation du vin : une approche par les sens influencée par l’environnement
En tant qu’individu doté de 5 sens, l’homme est sujet à des sensations plus ou moins variées d’appétences. En d’autres termes, il éprouve un désir, un appétit plus ou moins intenses selon qu’il juge, souvent inconsciemment, l’environnement favorable pour le satisfaire.
Une table d’amis, quelques belles bouteilles de vin : rien de tels pour vous éveiller les papilles ! Une blanquette de veau lentement mitonnée, la chaleur d’un foyer, un Chardonnay au frais, quoi de mieux pour vous faire saliver ? Une grande réception, un lieu prestigieux, une cascade de Champagne et le désir vous submerge.
Plongé dans une atmosphère propice, l’appréciation du vin en sera à coup sur influencé. Si en certaines occasions, l’ambiance autour du vin doit être chantante, en d’autres moments on appréciera la solennité. Si parfois on préférera être nombreux à partager une bonne bouteille, il peut nous arriver de faire le choix d’être seul ou à deux pour gouter au plaisir d’un bon cru.
Comme un morceau de musique qui vous suit toute votre vie parce qu’il vous rappelle un évènement marquant de votre existence, un vin laisse son empreinte. Notre vie est ainsi faite d’émotions provoquées par un son, une odeur ou un goût, associé à un événement, une présence ou un lieu.
Expériences sensorielles et lieu de mémoire
Quand l’été arrive, une odeur distinctive se répand dans l’atmosphère pour nous rappeler que les saisons ont un parfum. Vous pénétrez en lieu où se dégage une odeur de vieux bois associé à un peu de poussière. Il vous suffit alors de fermer les yeux et les souvenirs rejaillissent : votre enfance, le grenier de votre maison familiale ou de celle de vos grands parents.
Nous avons ainsi une mémoire complexe qui associe les moments et les lieux avec des sensations perçues. Comme l’enchantement d’une dégustation d’un vin commentée par celui qui l’a conçu. Immergé dans cette ambiance si particulière de la cave où il a « grandi » et de ses chais, le vin donne toute sa mesure. Si vous le goutez dans un autre contexte, aura t’il la même saveur ?
Le vin cependant ravive la mémoire, car il associe des gouts, des odeurs à un instant vécu. Quand des mêmes sensations rejaillissent lors de la dégustation d’un vin déjà gouté dans le passé, les personnes avec qui nous étions ou encore le lieu où nous nous trouvions se rappellent à notre mémoire. Le vin est ainsi révélateur de souvenirs, il fait rejaillir des instants de notre vie comme une photo fige un événement sur un cliché et en libère des émotions dès qu’on les regarde.
Dans le cas de notre environnement personnel, lorsque celui-ci a connu des moments de vie et de partages festifs, il se nourrie de souvenirs qui vous lie à lui. Le vin comme élément de convivialité participe ainsi à sa manière à l’attachement que l’on a d’un lieu. Vivre, partager, communier, se laisser griser, apporte ainsi un supplément d’âme à l’endroit où nous vivons. Alors vivons pleinement notre « chez soi !».